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Une méthode de repérage inspirée des cartes postales

Certains photographes amateurs adoptaient une approche méthodique pour capturer l’essence des lieux visités. Mon aïeul, par exemple, commençait toujours par consulter des cartes postales avant d’explorer une région. Il appelait cela « chercher le château », cherchant à repérer le point de vue emblématique qui restituerait au mieux l’image du lieu. Après avoir acheté quelques cartes, il partait en repérage, en quête du meilleur angle et de la lumière idéale.

Cette démarche illustre la transmission entre la pratique des photographes éditeurs et celle des voyageurs passionnés. S’inspirant des cartes postales, ces explorateurs amateurs cherchaient à capturer le même cadrage précis et la même composition harmonieuse que les professionnels de l’image. Les cartes postales servaient ainsi de référence pour anticiper l’ensoleillement et la distance du sujet, permettant souvent une prise de vue unique, fidèle à l’expérience de l’exploration. Les photographies ainsi réalisées devenaient des souvenirs tangibles, parfois même un ex-voto visuel pour graver l’instant dans la mémoire.

Écrin 10 cartes postales Ville de Bitche, collection de cartes postales 6x9 cm, édition vintage
Écrin de 10 cartes postales de Ville de Bitche, collection au format 10×15 cm, cartes anciennes

La carte postale, mémoire visuelle et lien social

Bien plus qu’un simple souvenir de voyage, la carte postale était un véritable média. Elle permettait d’échanger des impressions et de partager des images avec la famille, les amis et les correspondants. Son iconographie servait souvent de référence pour immortaliser un lieu, documenter une expérience et transmettre un regard. La photographie amateur s’inscrivait dans cette même logique : raconter, témoigner, et prolonger l’instant vécu à travers l’image..

Les cartes postales « photo véritable » : une esthétique argentique unique

Dans les années 1950, les cartes postales marquées de la mention « photo véritable » étaient de véritables tirages photographiques, réalisés à partir de négatifs sur papier argentique. Elles existaient en différents formats : 6×9 cm pour les coffrets souvenirs, 10×15 cm pour les envois postaux. Majoritairement en noir et blanc, elles offraient une restitution fidèle des détails et de l’atmosphère grâce à leur grain fin et leur qualité d’impression.

Évasion à Hardelot dans les années 50 : sa large plage et son château iconique

Le déclin des cartes postales photographiques

  • Avec l’essor des techniques d’impression offset et de l’héliogravure dans les années 1950-1960, ces cartes photographiques ont progressivement disparu. Ces nouveaux procédés, plus économiques, permettaient une production en grande quantité et limitaient les risques de reproduction illégale.
  • L’arrêt de la production des « photos véritables » est donc directement lié à ces avancées technologiques, mais aussi aux préoccupations croissantes en matière de droits d’auteur. Ce basculement marque le passage d’une image artisanale et singulière vers une production plus industrielle, au détriment de l’authenticité des tirages argentiques..

Un témoignage d’une époque révolue

Aujourd’hui, les cartes postales des années 1950 sont un précieux témoignage visuel. Elles révèlent un savoir-faire photographique, une esthétique propre, et une manière unique de voir et partager le monde. Leur disparition accompagne l’industrialisation de l’image, mais leur valeur historique demeure intacte. Pour les collectionneurs et les historiens, elles offrent un regard fascinant sur le passé, un lien tangible avec des époques révolues, et un témoignage de la mémoire collective à travers la photographie. La vie entre le réel et l’imaginaire, l’intime et le public, la reliance et l’invisible… comme une carte postale oubliée, dont l’émotion renaît à chaque lecture. Sur chaque surface cartonnée que vous touchez, il y a un univers tangible et universel..

Deux photographies anciennes en noir et blanc fixées sur un fond gris. La première représente une vue de la cathédrale Notre-Dame de Paris, capturée sous un angle latéral, avec des arbres dépouillés en premier plan et une atmosphère sombre. La seconde photographie montre un bateau à vapeur naviguant sur un fleuve, dégageant une épaisse fumée noire, avec un paysage naturel en arrière-plan. Ces images évoquent une mémoire visuelle d’une époque révolue, témoignage d’une histoire figée sur papier argentique.
Auteur_H_HARDEL__vue_Notre_Dame_Paris_1950_et_vue_du_Rhin_Lauterbourg_1937_collection_famille_Hardel Format 6x9cm

La photographie amateur relevait souvent d’une pratique ascétique, où chaque prise de vue était réfléchie et intuitive.

Cette image représente la couverture du catalogue Argus Fildier de 1987, dédié aux cartes postales de collection. La couverture jaune vif attire immédiatement le regard, encadrant une photographie ancienne en couleurs pastel. On y voit une jeune fille souriante, vêtue d’une robe traditionnelle ornée de dentelle et d’un nœud dans les cheveux, posant devant une table sur laquelle repose une grande carte postale illustrée de colombes. L’ensemble évoque le charme rétro et l’élégance des cartes postales d’époque, véritables témoins du passé et supports de correspondance empreints de nostalgie. Le titre du catalogue est écrit en lettres noires élégantes, agrémenté de motifs Art Nouveau qui rappellent l’esthétique du début du XXe siècle.
Le catalogue Argus Fildier 1987 est une référence pour les amateurs et collectionneurs de cartes postales anciennes. Thèmes régionaux, cotations et histoire du patrimoine épistolaire.